Le directeur de la photographie Tristan Galand débute en tant qu’électro aux côtés de grands noms comme Christophe Beaucarne AFC ou Manu Dacosse SBC, avant de passer au cadre puis de devenir chef opérateur. En 2021, il est récompensé par le prix du meilleur documentaire à Camerimage pour « Ma Voix t’accompagnera » de Bruno Tracq. En 2024 il signe l’image de « L’Histoire de Souleymane » de Boris Lojkine, primé à Cannes dans la section Un Certain Regard, avant d’être nommé dans huit catégories aux César 2025, dont celle de la Meilleure Photographie.
Dans cette interview, Tristan Galand nous dévoile sa démarche pour construire une image dite « ancrée dans le réel » avec l’ALEXA Mini sur « L’Histoire de Souleymane ».

Abou Sangaré qui incarne le personnage de Souleymane remporte le César du meilleur espoir masculin aux César 2025
Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce projet ?
J’ai été contacté directement par le réalisateur, Boris Lojkine, qui cherchait une personne ayant une double expérience en fiction et en documentaire. On s’est rencontrés et le courant est bien passé - on était alignés sur les enjeux de narration et le dispositif de tournage léger que cela impliquait. Peu de temps après, il m’a proposé de rejoindre l’équipe, ce que j’ai accepté avec grand plaisir.

Les intérieurs ont été traités avec une lumière plus douce et chaleureuse, pour accentuer l’écart de confort entre les intérieurs et les extérieurs
Le film suit le personnage de Souleymane dans son quotidien, au style quasi documentaire. Était-ce l'effet recherché ?
Dès nos premières discussions, Boris avait la conviction qu’il fallait adapter le dispositif cinéma au réel et non l’inverse pour donner de l’authenticité au film et laisser la vie rentrer dans le cadre. C’est pour cette raison qu’il voulait une équipe réduite au minimum, en évoquant même la possibilité que je tourne certaines scènes seul à l’image pour pouvoir capter toute l’énergie de la ville. Même si le film est une vraie fiction, on l’associe souvent à une approche documentaire pour son ancrage dans le réel et sa proximité avec le cinéma direct.
Plusieurs semaines avant le tournage, on a fait deux jours d’essais en plein centre de Paris avec Abou Sangaré, Boris et une personne par département réalisation, son et image. Entre les voitures, les passants et la pluie, on s’est vite rendu compte des avantages et des inconvénients de tourner en équipe ultra réduite. On était quasi invisible mais de mon côté je perdais du temps à l’image sur les changements de config et au son, le fait d’être seul empêchait Marc-Olivier Brullé de capter toutes les subtilités sonores de la ville. Il devait se concentrer sur la captation des voix, au détriment d’une deuxième prise de son plus spatiale. Après avoir échangé sur les essais et pour rester dans une dynamique d’équilibre entre son et image, Marco a décidé de travailler avec Rodrigo Diaz à la perche et moi avec Haruyo Yokota comme assistante caméra sur la quasi-totalité du film.

Deux configurations à vélo ont été mises en place pour suivre Sangaré dans les rues de Paris