Jeune chef électro aux brillantes références, Sidney Baucheron a mis très tôt ses pas dans ceux de son père, Thierry Baucheron. Après avoir fait ses armes au cinéma, il a réalisé, à 31 ans, les installations lumière de centaines de publicités parmi les plus complexes. Il nous parle de son métier et de son utilisation quotidienne des projecteurs ARRI Lighting sur les plateaux.
Dans la famille Baucheron, je voudrais le fils ! Au jeu des 7 familles du cinéma, celle des chefs électro est parsemée de ces enfants formés sur le tas qui ont porté la profession à des sommets. Les Baucheron père et fils font partie de celles-ci avec un palmarès cinéma de très haute tenue : « Minuit à Paris » et « Magic in the Moonlight » de Woody Allen, « Amour » de Michael Haneke, tous tournés et éclairés par Darius Khondji, dont tout le monde sait l'exigence en matière de lumière. « Mon père est chef électro depuis 40 ans, j'ai grandi avec lui sur les plateaux et chez les loueurs, » explique Sidney Baucheron, le fils aujourd'hui trentenaire.
« Après mon bac, j'ai travaillé pendant plusieurs années avec mon père sur les longs métrages. J'ai pu rapidement appréhender le matériel et les bases du métier. Il m'a donné très vite des responsabilités. À 22 ans, je faisais déjà le prélight sur « Magic in the Moonlight ». Depuis je me consacre surtout à la publicité. Le format court me convient mieux car je me lasse vite. J'aime les projets qui sont de vrais challenges créatifs, avec une recherche poussée au niveau de la lumière. J'adore cette pression, cette mise en danger que m'offre la pub. Et puis, j'ai d'autres activités à côté. Cela me laisse un peu de temps pour moi. »
En matière de challenge artistique, le défilé Saint Laurent sur la tour Eiffel aura été pour Sidney Baucheron un sommet. « Il fallait créer une installation lumière avec 70 projecteurs et les suspendre au-dessus du premier étage de la tour, à 80m de hauteur, où avait été créé un catwalk. Les contraintes techniques étaient très fortes puisque nous n'avions pas l'autorisation d'arrimer le grill à la structure de la tour Eiffel et que nous n'avions que quelques heures à la tombée de la nuit pour le mettre en place. Avec plusieurs équipes spécialisées, nous avons construit pendant deux jours cette installation de presque 7 tonnes et 30m de long. Au dernier moment, vers 23h, nous l'avons montée au premier étage de la tour Eiffel avec la plus grosse grue d'Europe qu'il était possible d'avoir sur place. Tout ça avec une sécurité maximale. Nous avons shooté le défilé toute la nuit avec le DP Nicolas Loir, avant de redescendre l'installation au petit matin. La pression était maximale. »
Sur ces projets, le jeune chef électro travaille étroitement avec la réalisatrice Nathalie Canguilhem qui met en œuvre les défilés les plus fous imaginés par Anthony Vaccarello, le directeur artistique de Saint Laurent : de l’île de La Certosa à Venise jusqu’à la Villa Majorelle de Marrakech, des pieds d’un glacier islandais jusqu’aux dunes de Maspalomas aux îles Canaries. « À chaque fois, ce sont de superbes projets, avec une grande dimension créative, » souligne Sidney Baucheron. « À Maspalomas, avec mes équipes, nous avons éclairé 600m de dunes la nuit et créé différents types d'effets. J'ai proposé quatre configurations de lumière afin de sélectionner celle qui fonctionnerait le mieux sur place. Sur ce défilé, nous nous sommes servis de 50 ARRI SkyPanel, 4 ARRI SkyPanel 360 et 100 PAR à LED, pour renforcer la rampe de feux. J'ai aussi testé des drones light et des lasers. En Islande, avec le DP Khalid Mohtaseb, nous avons dû réserver tous les HMI disponibles sur l’île. Nous avions installé trois nacelles équipées d’ARRIMAX 18K de façon à donner une direction de lumière dans ce décor de lave noir et avec de ciel gris. En général, sur ce genre de tournage, je vais faire les repérages trois semaines auparavant, et je dois souvent prendre des options sur le plan lumière. Le directeur de la photographie et moi travaillons ensuite pour ajuster l'ensemble en fonction des besoins. »
Récemment, Sidney Baucheron est intervenu sur une publicité L'Oréal, avec le DP Adrien Bertolle. Un beau projet tourné au Palais d'Iéna pour lequel la marque avait fait venir une vingtaine d'égéries de plusieurs continents. « Avec mon équipe, nous avons installé quatre ARRIMAX 18KW sur le toit et huit ARRI M90 sur des nacelles, qui donnaient des directions de lumière depuis l'extérieur. Dans l'hémicycle, nous nous sommes servis de 20 SkyPanel pour éclairer le lieu. »
Dans ses projets, le jeune chef électro utilise beaucoup les produits ARRI Lighting. « Pour les HMI, aucun fabricant n'a une gamme aussi simple et efficace qu'ARRI, » souligne Sidney Baucheron. « Sur les tournages, j'utilise beaucoup la Série M qui est ultra-bien pensée. Le rapport poids/puissance est parfait. Je me souviens encore quand cette série est sortie, c'était incroyable. Elle offrait le même rendement que les anciens projecteurs tout en consommant 30 % moins de puissance. L'arrivée des M90 a beaucoup changé de choses dans mon travail de chef électro. Cela nous facilite énormément les choses en termes de gestion électrique. »
Les ARRI SkyPanel font aussi partie des outils de prédilection du jeune chef électro. À l'occasion d'un défilé Chanel au Grand Palais, il conçoit avec le lighting designer Arf & Yes et le DP Benoît Delhomme une installation lumière avec 200 SkyPanel S60 et 40 SkyPanel S360. Sur une publicité Dolce & Gabbana, toujours avec Benoît Delhomme, il utilise jusqu'à 90 SkyPanel S120 et S360s, en top light et pour éclairer un grand cyclo en forme de U. « Le SkyPanel est un projecteur incroyable en studio. Je l'utilise dans de multiples configurations, aussi bien en top, que pour les fonds ou créer des contre-jours sur de grandes largeurs. Il n'y a rien de mieux comme projecteur LED à l'heure actuelle. On me propose régulièrement de nouveaux produits mais à chaque fois aucun n'égale le SkyPanel. »
« Récemment, lors d'une très belle installation pour un défilé Coréen, avec Benoît Delhomme, j'ai utilisé 16 SkyPanel S360 en top pour créer une boîte à lumière de 11m sur 11m parfaitement éclairée. Auparavant, avec les Spacelight, il aurait fallu un câblage énorme et trois fois plus de puissance. Avec le SkyPanel, on gagne énormément en temps d'installation et en puissance électrique. De plus, ils offrent cette incroyable possibilité de choisir avec précision la couleur et l'intensité de la lumière. C'est très important en publicité où l'on utilise beaucoup de teintes différentes. Là, on peut sélectionner la couleur qui correspond exactement à l'univers de la marque. C'est un énorme avantage en termes de création. Je peux me balader avec l'iPad à la main et ajuster rapidement la couleur et l'intensité des SkyPanel. Cela a révolutionné notre manière de travailler. »
Habitué des installations lumière de grande ampleur, Sidney Baucheron intervient aussi régulièrement sur des packshots, notamment avec le DP Jean Poisson, et récemment avec Darius Khondji sur une publicité Tag Heuer versus Porsche. « Je prends beaucoup de plaisir à travailler sur le tout petit, j'apprécie ce travail miniaturisé. Récemment, j'ai travaillé avec Darius Khondji sur un projet où nous faisions des transitions permanentes entre une montre Tag Heuer et une Porsche. Là, on atteint un très haut niveau de précision sur l'éclairage des arrondis de la montre, que l'on doit ensuite retrouver sur la voiture, malgré le changement d'échelle. C'était un vrai challenge. Je connais bien Darius Khondji, puisqu'il travaille avec mon père depuis longtemps. Avec lui, on parle très peu de matériel, il me donne des références, des niveaux de diaph à la face ou sur les fonds... mais il me fait entièrement confiance sur le choix des projecteurs. C'est un vrai plaisir de travailler à ses côtés. »