La pub, terrain de jeu créatif : Benoit Soler, directeur de la photo

Formé à la prestigieuse National Film and Television School (NFTS) au Royaume-Uni, le directeur de la photographie Benoit Soler n'aura pas mis longtemps à se faire une place dans le monde du cinéma comme de la publicité. Un an seulement après avoir quitté l'école, il signe la photo de « Ilo Ilo » d'Anthony Chen, couronné par la Caméra d'Or à Cannes en 2013. Il enchaîne avec « Apprentice » de Boo Junfeng, dont l'image fut aussi très remarquée. Aujourd'hui, il alterne entre les longs métrages, la publicité et le clip. « Ce n'est pas un problème de faire le grand écart, bien au contraire », explique Benoit Soler. « La publicité me permet de tester plein de choses qui vont venir nourrir mes fictions, et inversement. Le clip est aussi un très beau laboratoire d'expression. L'idée est de provoquer chez le spectateur l'inattendu, l'émotionnel. Mes choix sont principalement portés par la vision d’une réalisatrice ou d’un réalisateur. »

« J’aime travailler sur des publicités narratives comme Samsung « Little punk », réalisé par Niclas Larsson (Iconoclast), Mercedes « Immortal Love », réalisé par Sebastian Strasser (Anorak), ou Zalando « A life of liberty » (Bwgtbld), réalisé par Vincent Haycock, avec la contrainte de raconter une histoire en quelques secondes. Dans ce cas, mon travail s’inspire de mes expériences en fiction et en clip. Le clip musical The Blaze « Territory » (Iconoclast), fut une expérience très forte. Nous avons tout tourné à Alger, en ALEXA Mini et ARRI Master Prime. Le film est naturaliste, traité comme des tableaux qui s’enchaînent et tourné à des moments précis de la journée. L'image est au service de la narration et ne prend jamais le pas sur ce que l'on raconte. »

Parmi ses publicités récentes, son remarquable travail pour Givenchy Fall/Winter 2021, réalisé par Jasmine Loignon (Iconoclast). « Pour créer cet univers industriel, nous avons tourné dans un stade où nous avons utilisé près de 350 projecteurs motorisés », explique Benoit Soler. « Sur ce projet, j'ai travaillé en collaboration étroite avec le lighting designer Ignace D’Haese avec qui nous avons conçu la lumière « Sur Givenchy », j'ai utilisé une ALEXA Mini LF avec des optiques ARRI Signature Primes », indique le chef opérateur. Cela correspondait au rendu que je souhaitais sur ce film. Les piqués des peaux sont très beaux et procure de belle texture. On obtient un rendu plaisant en sortie très rapidement. Depuis un upgrade récent, l'ALEXA Mini LF permet aussi de tourner en Super 35. Cette versatilité m'intéresse beaucoup. J'aime bien l'idée de pouvoir mélanger format large et Super 35, comme lorsqu'on utilise 35mm et Super 16 dans un même film. Cela permet de donner un point de vue différent, de raconter les choses autrement. Et le Super 35 me donne aussi accès à beaucoup plus d'optiques que le grand format. »

« Au niveau des objectifs, je préfère les optiques modernes », poursuit Benoit Soler. « Je n'aime pas que l'image soit trop nostalgique, Pour moi, les ARRI Signature Primes sont dans le prolongement des ARRI Master Prime que j'utilise beaucoup. L'image et le piqué sont beaux, et elles ont une douceur qui m'intéresse. J'aime aussi beaucoup la manière dont elles tombent dans les flous. C'est vraiment du registre de la sensation. De plus, les Signature Primes sont une série très complète qui commence au 12mm et qui comprend toutes les optiques intermédiaires que j'utilise beaucoup. »

Découvrez les différents travaux de Benoit Soler via son site web : https://cosmictalents.com/benoit_soler

Image d'ouverture : Arthur Couvat