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Julien Hirsch AFC en ALEXA Mini LF et ARRI Signature Prime sur «Albatros» de Xavier Beauvois 

Après avoir été repoussé dû à la crise sanitaire, « Albatros » sort en salle le 3 novembre !

Feb. 24, 2021

César de la meilleure photo pour  « Lady Chatterley », Julien Hirsch AFC a été un des premiers utilisateurs en France de l'ALEXA Mini LF et des objectifs ARRI Signature Prime sur le tournage d'« Albatros » de Xavier Beauvois. Le film est en sélection officielle à la Berlinale 2021. Retour d'expérience sur ce film tourné en Normandie en décors naturels.  

Comment s'est passée la collaboration avec Xavier Beauvois ?  

Très bien.  Je connaissais bien ses films et je l’avais vu travailler sur « N'oublie pas que tu vas mourir », quand j’étais  l'assistant de Caroline Champetier. C'est un cinéaste très instinctif qui réinvente son film au cours du tournage. Pour « Albatros », il voulait que l'on reste au plus près de la réalité quotidienne de son personnage principal, un gendarme dont on suit la vie intime et professionnelle. Nous avons donc tourné en décors naturels, dans la gendarmerie d'Étretat et dans un vrai pavillon de gendarme. Xavier voulait une image plutôt naturaliste, mais c'est aussi un esthète. Pendant la préparation, nous avons fait de nombreuses promenades autour. Il me montrait les lieux et les ambiances lumineuses qu'il aimait. Cela nous a permis de faire connaissance et de trouver un langage commun. 

Pourquoi avoir choisi de tourner avec l'ALEXA Mini LF ?  

J'ai travaillé avec l'ALEXA classique dès qu'elle est sortie en France, pour « L'Exercice de l'État » de Pierre Schoeller. Sa matière d'image m'a beaucoup plu et depuis, c'est la seule caméra numérique avec laquelle j'ai tourné. Je suis passé tout naturellement à l'ALEXA Mini quand j'ai découvert le Stabe-One, un stabilisateur dont je ne peux plus me passer pour cadrer. Quand l'ALEXA LF est sortie, je n'ai malheureusement pas pu l'utiliser car elle était trop lourde pour le Stabe-One. Lorsque la Mini LF a été disponible 15 jours avant le début du tournage d'« Albatros », évidemment, j'ai sauté dessus. Nous avons fait une journée d'essais en Normandie, notamment en mer car une partie importante du film se passe sur un voilier. Xavier a pu voir ce que rendait cette caméra dans différentes ambiances lumineuses, avec de nombreux dégradés de gris, de verts et de bleus. L'image proposée par la Mini LF lui a beaucoup plu. De mon côté, ces essais m'ont convaincu que c'était la caméra qu'il me fallait sur ce film. 

Pourquoi ?  

D'abord, j'ai pu constater que l'ALEXA Mini LF séparait mieux les couleurs, que la Mini classique. C'était visible sur le rendu des ciels. Mais c'était surtout flagrant dans les ambiances intérieures éclairées au tungstène, assez dorées, que j'aime beaucoup travailler. Souvent, l'ALEXA Mini normale a tendance à créer des aplats sur les peaux. Avec la Mini LF, je n'ai pas eu cette sensation. Ensuite, sur les plans très larges, l'image paraissait plus piquée. C'était important car Xavier Beauvois aime beaucoup tourner en plan large. Pour lui, un plan taille c'est déjà un plan serré. Je pense n'avoir pas fait plus de quatre ou cinq gros plans durant tout le tournage. Enfin, le grand format de l'ALEXA Mini LF m'a beaucoup aidé dans les décors très étroits.  

C'est à dire ?  

Nous avons tourné en format scope avec des optiques sphériques Signature Prime. Mais, deux des principaux décors du film la gendarmerie d'Étretat et le pavillon de gendarme, avaient des volumes minuscules. Dans ces conditions, le grand capteur de l'ALEXA Mini LF m'a permis de faire des plans larges sans descendre en dessous du 29mm. C'est spécifique au capteur grand format : à focale et distance égales, je filme un champ plus large qu'avec un capteur normal.  

Pourquoi avoir choisi la série d'optiques ARRI Signature Prime ?  

Je voulais utiliser le pack le plus récent possible d'ARRI : ALEXA Mini LF et Signature Prime. J'ai beaucoup aimé ces optiques. Elles sont très transparentes au niveau couleur et lumière, comme les Summilux que j'ai beaucoup utilisées auparavant. Et le flou des ARRI Signature Prime est très précis. Même avec peu de profondeur de champ, les arrière-plans restent très lisibles. Sur « Albatros », cela m'a permis de casser la profondeur de champ sur des plans larges, pour rester concentré sur les personnages tout en gardant les paysages présents, bien que flous. 

Comment avez-vous éclairé « Albatros » ?  

La difficulté sur ce film, c'est que nous avons tourné d'octobre à janvier. Je ne pouvais compter que sur 4 ou 5h de lumière du jour. Je me suis donc organisé en conséquence. Pour les intérieurs jour, j'ai principalement utilisé des ARRI SkyPanel, que je plaçais systématiquement à l'extérieur des décors. Ainsi, je pouvais faire varier rapidement la puissance et la couleur de la lumière au cours de la journée. En extérieur, j'ai très peu éclairé. D'abord parce que Xavier Beauvois aime tourner dans les ambiances naturelles et les intègre souvent dans sa mise en scène.  Ensuite, parce que la proximité de tous les décors nous offrait des Cover Sets efficaces.   

Pour les scènes sur le voilier de 9 m, que nous avons tournées en pleine mer, il était hors de question d'éclairer. Mais le capteur de l'ALEXA Mini LF encaisse bien les grands écarts de luminosité, comme c'était déjà le cas avec les ALEXA classiques. Cela m'a permis de garder des détails dans les hautes lumières quand je tournais au large, à l'intérieur de la cabine du voilier. 

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Iris Bry, Victor Belmondo, Jérémie Renier et Marie-Julie Maille dans « Albatros »

Vous tourniez en ARRIRAW ou en ProRes ?  

En ARRIRAW. Mais comme la caméra était toute nouvelle, je disposais d'un nombre limité de cartes. C'est pourquoi j'ai décidé de n'enregistrer que la partie scope du capteur. Ce qui nous a permis de quasiment doubler la capacité d'enregistrement des cartes. J'ai fait 90% du film de cette façon et tout s'est très bien passé. Il n'y a qu'une partie des scènes tournées sur le voilier que j'ai enregistrée en full frame. La mer était assez houleuse, voire mauvaise, et je voulais pouvoir corriger le cadre en utilisant la réserve en post-production. Mes assistants faisaient les sauvegardes en HDE (Codex), un format de compression sans perte d'information, pour que les back up pèsent moins lourds et soient plus rapides. M141 décompressait les rushes et retrouvait l'ARRIRAW d'origine. C'était la première fois que j'utilisais ce workflow et cela a très bien fonctionné.  

Est-ce que vous avez poussé la sensibilité de l’ALEXA Mini LF ?  

Pour certaines séquences de rondes de nuit, je suis monté jusqu'à 1600- 2000 ASA. Je l'ai fait aussi pour une grande séquence nocturne dans une ferme, où je jouais le mélange entre un clair de lune artificiel et de rares points de lumière tungstène. Sur ce film, j'ai eu toutes les ambiances de lumière possibles en intérieur comme en extérieur, avec des ciels d'hiver très perturbés. On a aussi beaucoup tourné en voiture et en bateau, de jour comme de nuit. Et là, j'ai retrouvé toute la flexibilité et la simplicité de l'ALEXA Mini. J'étais en terrain connu. En fait, la Mini LF, c'est l'ALEXA Mini en mieux, avec une finesse accrue dans l'image et un viseur exceptionnel.  

Crédits photo © : Pathé, Guy Ferrandis & Séverine Brigeot

Équipe image « Albatros » de Xavier Beauvois :  

DOP : Julien Hirsch  

Premier assistant : Raphaël André  

Seconde assistante : Marie Deshayes