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DP Nicolas Loir filme «Novembre» en ARRI ALEXA Mini LF

Sur « Novembre », consacré aux attentats terroristes de 2015, le directeur de la photographie Nicolas Loir AFC a utilisé l'ALEXA Mini LF et les SkyPanels pour élaborer l'image de ce polar puissant, inspiré de faits réels.

Mar. 7, 2023

Grand succès en salle en France avec 2 400 000 entrées, « Novembre » est le nouveau long-métrage de Cédric Jimenez, réalisateur du très remarqué « Bac Nord ». Ce film dense s’attaque aux terribles attentats parisiens du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts et 413 blessés. Pour filmer l’urgence du travail des enquêteurs à la poursuite des terroristes en fuite, Cédric Jimenez a fait appel au directeur de la photographie Nicolas Loir. Ce dernier nous explique ses choix techniques et esthétiques pour donner vie à cette épopée sous haute tension.

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Cadreurs lors de la scène de « l’assaut final » (de gauche à droite): Cadreur cam C Clément de Hollogne, DP Nicolas Loir, cadreur cam B et stead Thomas Burgess et réalisateur Cédric Jimenez

Comment avez-vous abordé ce long-métrage consacré aux suites des attentats de Novembre 2015 à Paris ?

Avec Cédric Jimenez, dès notre première rencontre, nous avons beaucoup parlé du scénario et de notre ressenti à sa lecture, notamment ce sentiment d’effet tunnel décrit par les enquêteurs. Comme beaucoup de gens, nous avons été touchés de près ou de loin par les attentats du 13 novembre. Tout au long du tournage, le réalisateur et toute l’équipe du film étaient concentrés et très respectueux du sujet. Il y avait une forme de gravité. Cédric Jimenez voulait faire un film pudique. Il n’était pas question de construire une image ostentatoire, mais de créer une esthétique propre au film. Parmi les références du réalisateur, il y avait « L’armée des ombres » de Jean-Pierre Melville, les photos de Nan Goldin et d’Harry Gruyaert, pour la profondeur de leurs couleurs, les films de Michael Mann, Paul Greengrass ou encore « Zéro Dark Thirty » de Kathryn Bigelow, avec son côté naturaliste, mais très travaillé. Mon parti pris a été de créer une image contrastée, sombre, mais avec de la couleur. C’est une esthétique assez naturaliste, mais plus dense que dans la vraie vie. Les échanges en amont avec le chef décorateur Jean-Philippe Moreaux et la chef costumière Stéphanie Watrigant ont été très importants. Nous avons créé une palette de couleurs avec beaucoup de bleus et d’orangés. Pour le grand bureau de la police, nous avons réalisé des tests sur les murs, pour obtenir un bleu plus ou moins gris, et ajouté des tâches de couleurs très précises dans le décor avec des lampes de bureau. Nous essayions de ne pas être monochrome. « Novembre » est un film de nuit, mais qui n’est pas désaturé.

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Jean Dujardin et Sandrine Kiberlain dans « Novembre »

Pourquoi avez-vous choisi l’ALEXA Mini LF ?

Je n’ai pas fait d’essais comparatifs de caméras sur « Novembre ». J’avais déjà utilisé l’ALEXA Mini LF en pub et je l’aime beaucoup. Pour moi, c’est la suite directe de l’ALEXA Mini que j’utilise toujours. J’aime sa douceur au niveau du rendu. Elle me permet aussi de gagner en subtilité dans les couleurs grâce à son capteur plus grand. C’est une vraie amélioration par rapport à la Mini. Dans ses caméras numériques, ARRI a toujours privilégié la sensibilité par rapport à la définition. Ce qui me plaît beaucoup. On en tire tout le bénéfice dans le rendu des couleurs. La grande sensibilité de la Mini LF en basse lumière m’a aussi été très utile sur les scènes de nuit de « Novembre ». Je pense notamment à l’assaut final contre les terroristes. J’avais seulement dix SkyPanels S60 installés en hauteur, à la place des réverbères, et leur puissance m’a largement suffi pour éclairer une rue de 300m de long. C’était d’autant plus important que nous n’avions que quatre ou cinq heures de nuit pour tourner les extérieurs. L’autre point fort de l’ALEXA Mini LF est sa compacité. Comme je cadrais beaucoup à l’épaule sur ce film, c’était un élément déterminant.

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Décors de l’immeuble lors de « l’assaut final »

Comment avez-vous utilisé la caméra sur « Novembre » ?

J’ai réglé l’ALEXA Mini LF sur 4,5 K au format 2:39. C’est un des modes proposés par la caméra. Nous avions le sentiment que la surdéfinition n’était pas nécessaire sur ce film. Au niveau du capteur, j’ai juste gardé une sécurité de 5 % de façon à pouvoir recadrer ou stabiliser. J’ai exposé la caméra à 1280, 1600 et 2500 ISO, même dans les scènes de jour, de manière à remettre de la texture dans l’image. Je trouve les ALEXA un peu trop lisses à 800 ISO. Par contre, j’aime comment elles réagissent quand on les pousse dans les hautes sensibilités. Nous avions aussi une LUT pour les rushes et les retours plateau, que nous avions préparés en amont avec l’étalonneur Mathieu Caplanne. Au niveau des optiques, j’ai fait beaucoup de comparatifs avant de me décider pour les Tribe7 de Blackwing. Ils ont une rondeur très intéressante, proche des Prime DNA d’ARRI.

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DP Nicolas Loir, le réalisateur Cédric Jimenez et l’ALEXA Mini LF sur le tournage de « Novembre »

Il y a une énergie permanente dans le film. Comment cela se traduit dans votre travail ? 

En lisant le scénario, j’ai eu ce sentiment d’urgence qui saisit les enquêteurs tout au long de l’histoire. Et cela se ressent dans la mise en scène de Cédric Jimenez. Il insuffle une énergie permanente sur le tournage. Sa façon de travailler est basée sur le mouvement et il aime donner une grande liberté aux comédiens. Ce qui a des implications directes sur la construction de la lumière. Surtout, Cédric a voulu tourner tout le film à deux caméras en simultané. C’était un très beau challenge pour moi et toute l’équipe technique. Je me suis beaucoup questionné sur la manière de faire. Mais, sur le plateau, j’ai tout de suite vu le bénéfice que cela apporte aux comédiens. Concrètement, j’avais une ALEXA Mini LF à l’épaule et l’autre cadrée par Thomas Burgess sur un steadicam, une dolly ou à l’épaule. Le tournage à deux caméras permet à Cédric d’aller vite, d’imprimer un rythme, une énergie au film. Il entraîne tout le monde avec lui. Tout est très fluide. Quand la prise en bonne dans les deux axes, on change rapidement de valeur de plan. C’est très efficace, même si c'est une contrainte forte pour l’équipe image. J’ai encore le souvenir de la scène finale entre Anaïs Demoustier et Lyna Khoudri qui était particulièrement intense au niveau du jeu. C’est la même prise dans les deux axes qui a été conservée au montage. D’ailleurs, c’est un challenge qui m’a suivi sur d’autres films où je propose dorénavant de tourner à deux caméras si la scène le nécessite.

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« L’ALEXA Mini LF me permet de gagner en subtilité dans les couleurs grâce à son capteur plus grand », déclare le directeur photo Nicolas Loir


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Le réalisateur Cédric Jimenez et l’actrice Anaïs Demoustier sur le tournage de « Novembre »

La scène d’extérieur où les policiers observent les terroristes sous le pont d’autoroute est impressionnante, très sombre et pourtant on perçoit tout. Comment l’avez-vous éclairé ?

Cette scène est tournée avec l’ALEXA Mini LF réglée sur 2500 ISO. Elle est d’ailleurs proche du découpage prévu initialement par Cédric. J’ai fait monter des SkyPanels S30 à la place des lampadaires existants et j’ai renforcé le brasero avec des SkyPanels programmés en effet flamme. J’ai aussi installé des SkyPanels S360 assez loin pour donner de la brillance sur les arbres. La séquence reste très sombre, mais nous avons choisi de montrer au spectateur les choses importantes. C’est l’exact inverse de la scène d’ouverture en Grèce qui est inondée de soleil. L’idée de Cédric était de trancher avec le reste du film qui se passe en novembre à Paris. À Athènes, j'ai beaucoup joué avec le plan de travail pour avoir le soleil au bon endroit suivant les plans. Dans les intérieurs, j’ai travaillé avec la déco pour densifier certaines fenêtres, peindre les vitres ou rajouter du papier journal.

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« J’avais seulement dix SkyPanels S60 installés en hauteur, à la place des réverbères, et leur puissance m’a largement suffi pour éclairer une rue de 300m de long », dis Nicolas Loir

Le succès critique et public de « Novembre » a dû donner une nouvelle dimension à votre carrière. Quels sont vos projets aujourd'hui?

« Novembre » est une superbe expérience et une étape marquante dans ma carrière. Aujourd’hui, on me propose des films plus importants. J’ai terminé récemment le tournage de « Soudain, Seuls », le nouveau long-métrage de Thomas Bidegain, avec Gilles Lellouche et Mélanie Thierry. C'est un drame sur le thème de la survie que nous avons tourné en Islande avec l’ALEXA Mini LF. Le film est sombre, passionnant à éclairer, avec beaucoup de lumière naturelle et souvent un soleil très bas. Sur certaines scènes, les comédiens sont uniquement éclairés par un feu de camp. Ici, la Mini LF m’a permis d’aller chercher beaucoup de détails dans les hautes lumières.
Après « Novembre », j’ai tourné « Je verrai toujours vos visages » de Jeanne Herry, qui traite de la justice restaurative. C’est un film d’auteur sur la résilience, qui sort le 29 mars. J’en suis très fier. C’était une expérience passionnante au niveau de l’image, avec un travail très subtil sur les visages. Pendant la préparation, la réalisatrice me disait que les visages sont les paysages du film. Là aussi, j’ai tourné en ALEXA Mini LF. La caméra s’est très bien adaptée à ces trois projets pourtant très différents. En ce moment, je suis en train d'utiliser la nouvelle ALEXA 35, sur une publicité ADP. Nous tournons de nuit sur les pistes de l’aéroport de Roissy sans beaucoup de lumière additionnelle. La sensibilité de l’ALEXA 35 est impressionnante. J’utilise la caméra réglée sur 6400 ISO ES, avec un zoom Angénieux qui ouvre seulement à 2.6. Le jeu des textures est très intéressant et la montée de grain apparaît bien maîtrisée.

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Nicolas Loir AFC et l’ALEXA Mini LF sur le tournage de « Novembre »