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Le chef électricien Guillaume Lemerle et sa passion pour la lumière avec ARRI

Du long métrage comme « John Wick 4 » à la publicité pour de grandes marques, le chef électricien Guillaume Lemerle a toujours une place pour les équipements ARRI Lighting.

Feb. 28, 2024

Guillaume Lemerle fait partie de la jeune génération de chefs électriciens aussi à l’aise sur les grosses productions comme « John Wick 4 » ou « OSS 117 » que sur des films d’auteur tel « L’envol » ou « Mes frères et moi ». Formé à l’ESRA Rennes, Guillaume Lemerle s’est toujours passionné pour l’éclairage en accompagnant les directeurs de la photographie sur des longs métrages et des publicités prestigieuses pour de grandes marques. Dans cet article, il parle de la diversité de ses projets et de son utilisation des outils d’éclairage ARRI sur les plateaux.

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Le gaffer Guillaume Lemerle et le DP Laurent Tangy sur le tournage du film de Nicolas Bedos, « OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire »

« Après l’ESRA Rennes, j’ai commencé à faire beaucoup de courts-métrages, » explique le chef électricien Guillaume Lemerle. « J’ai même éclairé du dessin animé en volume. C’est une très bonne école, on voit tout de suite ce que l’on fait. Au début de ma carrière, je travaillais en parallèle comme assistant caméra et comme électricien, jusqu’au jour où le directeur de la photographie italien Giovanni Fiore Coltellacci m’a proposé de faire avec lui ‘La Sainte-Victoire’ de François Favrat comme électricien. Cette rencontre a été déterminante pour moi. Deux ans après, Giovanni me proposait de devenir chef de poste sur ‘Cloclo’ de Florent-Emilio Siri. Il m’a fait confiance et permis de faire mes preuves sur un très gros film. En fait, je ne suis resté électricien que cinq ans. » 

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La gamme de LED ARRI à une qualité de couleur que l’on trouve difficilement ailleurs. Aujourd’hui, je ne fais plus un film ou une publicité sans des SkyPanels.

Guillaume Lemerle

Chef électricien

« Depuis 2011, j’enchaîne les projets de longs-métrages comme chef électricien. Entre deux films, je fais de la publicité, notamment avec Mathieu Plainfossé et Ross Richardson. J’aime aussi bien faire de la pub que du long métrage. L’exercice est différent. En pub, on est souvent en studio et il y a des moyens conséquents. Mais j’adore le long métrage pour le jeu des comédiens. C’est passionnant à travailler. J’aime partir des envies des directeurs photos et des réalisateurs et de les traduire en lumière, de créer quelque chose qui leur correspond. Ce métier me permet de m’épanouir, de faire ce que j’aime. En tant que chef électricien, je collabore beaucoup, avec le directeur photo, le chef déco, le réalisateur. C’est très enrichissant. »

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Pour une pub Chanel, Guillaume Lemerle a créé une boîte à lumière avec 50 SkyPanels S60

« En 2022, j’ai travaillé sur un très beau projet américain tourné en France : ‘The Substance’ (DP Benjamin Kracun), réalisé par Coralie Fargeat, avec Margaret Qualley, Demi Moore et Dennis Quaid. C’était un tournage passionnant sur lequel je suis intervenu près de 110 jours. La réalisatrice avait de vraies envies de lumière. Elle aime beaucoup le cinéma américain des années 80/90 et voulait quelque chose de très solaire pour ce film qui se passe en Californie. C’était sa vision de la ville. » 

« Le décor principal était construit aux studios d’Epinay, avec une grande découverte de 36m x 12m sur Los Angeles, que j’ai éclairé avec des SkyPanels. J’avais cinquante S60 pour le fond et quatre S360 pour créer un rentrant de lumière sur le ciel. Nous avions aussi des projecteurs en top dans le décor, mais nous les avons peu utilisés. Pour reconstituer le soleil qui entre dans le décor principal, j’ai utilisé deux ARRI T24 Fresnels Studio. Les deux 24K étaient montés sur MaxMover. C’était passionnant de pouvoir rester aussi longtemps dans un décor, de créer des différences de contrastes et de direction de lumière en fonction de chaque scène. Pour l’éclairage à la face des comédiennes, j’ai privilégié le SkyPanel S60 pour sa qualité de lumière. Sur les très gros plans, j’utilisais souvent une boîte à lumière de 2m x 1,5m montée sur S60, de façon à donner à la fois de la douceur et de la direction à la lumière. J’utilisais parfois un Chimera rond OctaPlus sur un S60 pour amener encore plus de douceur sur les peaux. »

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Quatre SkyPanels S60 sur le tournage de la série « Les Sentinelles » tournée en ALEXA 35 par Matias Boucard AFC et Mathieu Plainfossé AFC

« Le travail sur la découverte de Los Angeles était très intéressant », ajoute Guillaume Lemerle. « L’impression sur toile Rosco permet de voir la ville de jour quand l’on éclaire de face et de nuit quand on place des projecteurs derrière. Pour les scènes de nuit, j’ai utilisé douze Orbiters ARRI, certains avec des longs nez sans optique qui nous permettaient d’éclairer certaines parties de la ville sur la découverte, de faire des effets sodium en jouant sur la colorimétrie, de travailler un peu le ciel. Les autres Orbiters étaient équipés de découpes de manière à être très précis sur les zones que l’on souhaitait éclairer. »

« Pour éviter de voir les projecteurs en transparence, on les mettait un peu de côté pour ne pas rendre visible les lentilles. Vu le peu de recul dont nous disposions derrière la découverte, les Orbiters étaient un vrai plus. Sans eux, il aurait fallu réaliser une installation avec des drapeaux partout pour cacher les projecteurs. J’avais déjà utilisé les Orbiters en publicité, avec des boules chinoises ou en découpe. C’est un outil polyvalent qui permet aussi bien de faire de la beauté à la face avec une boîte à lumière, que d’être très précis, très focalisé, avec un nez optique. Sur les extérieurs tournés à Cannes et en banlieue parisienne, j’utilisais des ARRIMAX sur MaxMover et des M90 pour créer un éclairage puissant et focalisé. »

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Six ARRI M-90 sur le tournage d’une pub mis en image par le DP Marco Graziaplena

« J’aime travailler sur des productions avec beaucoup de moyens, mais aussi sur des films français avec des effectifs plus restreints », insiste Guilaume Lermerle. « Les deux types de projets ont chacun leur intérêt. Je trouve cela assez grisant les tournages avec beaucoup de moyens, comme ‘John Wick : Chapter 4’ (DP Dan Laustsen) sur lequel je suis intervenu trois semaines sur de grands extérieurs à Montmartre, au Trocadéro et des intérieurs au Louvre. Nous tournions essentiellement de nuit, mais j’avais une équipe de jour qui travaillait sur l’installation et le prélight, soit au total une trentaine d’électriciens. Stéphane Bourgoin était le chef électricien principal de la partie française de 'John Wick : Chapter 4' tandis qu'Helmut Prein gérait la lumière sur la partie allemande du tournage. » 

« Précédemment, j’avais fait deux films d’auteur avec le directeur de la photographie Marco Graziaplena : ‘L’envol’ et ‘Mes frères et moi’. Marco aime faire des installations lumière qui permettent au réalisateur de tourner dans tous les axes, et laisser une vraie liberté de jeu aux comédiens. Pour les intérieurs, nous utilisions souvent des entrants Serie-M d’ARRI par l’extérieur, avec des M90, des M40 ou des M18, suivant la taille du décor. À l’intérieur du décor, j’ai installé des LEDs très minces au plafond pour ne rien avoir dans le champ. Sur ‘Mes frères et moi’, comme nous tournions à Sète, une région très lumineuse, nous utilisions des miroirs pour jouer avec la lumière du soleil en plus des Serie-M. Marco Graziaplena est quelqu’un de très intuitif. S’il voit que la lumière est là, il peut très bien tourner sans mettre de projecteur. Il a cette capacité à travailler vite pour garder au maximum de spontanéité sur le tournage. »

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Trois ARRIMAX 18 kW sur le tournage d’une pub L’Oréal

« J’aime beaucoup travailler le tungstène, notamment sur les films en 35mm », explique Guillaume Lemerle. « Je pense à ‘HHhH’ de Cédric Jimenez, dont l’image est signée par le directeur de la photographie Laurent Tangy. Quand nous préparions le film, je venais d’un projet en pellicule où j’avais été déçu par la LED. À l’époque, la qualité n’était pas toujours là avec les LEDs. J’ai suggéré à Laurent d’éclairer ‘HHhH’ en tungstène, sauf les scènes où l’on avait besoin de puissance et où l’on utilisait des Serie-M. Je trouve la lumière tungstène très belle et très riche en couleurs. Elle fonctionne superbement avec le 35mm. »

« Quand nous nous sommes retrouvés avec Laurent Tangy sur ‘OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire’ de Nicolas Bedos, nous avons opté pour le même parti pris. Tous les intérieurs ont été tournés aux Studios d’Epinay en 35mm et tungstène, sauf les extérieurs au Kenya. Le tungstène allait bien avec les magnifiques décors conçus par le chef déco Stéphane Rozenbaum, très années 70/80. On a dû sortir tous les vieux projecteurs tungstène de chez les loueurs. Comme le film est censé se passer en Afrique, pour obtenir des entrants de lumière surexposés, nous avons ceinturé de tentures blanches tous les décors du studio. Nous éclairions ces fonds avec des ambiances de 10K ou 20K Fresnel pour avoir des découvertes très lumineuses. Laurent Tangy et moi, nous nous connaissons très bien. Je connais sa façon de travailler. Il cadre souvent à l’épaule et, parfois, à plusieurs caméras. Que ce soit ‘Le Grand Bain’, ‘Bac Nord’ ou sur ‘OSS 117’, il aime avoir une lumière à 360 degré, de façon à laisser le maximum de liberté au réalisateur et à sa mise en scène. »

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L’arrivée de la famille SkyPanel a vraiment changé la donne. Elle a apporté une lumière de grande qualité, avec la possibilité de faire de la couleur, mais aussi de la polyvalence et du rendement. La gamme de LED ARRI à une qualité de couleur que l’on trouve difficilement ailleurs.

Guillaume Lemerle

Chef électricien

« Concernant les LEDs, les choses ont beaucoup évolué depuis ‘HHhH’ », précise Guillaume Lemerle. « L’arrivée de la famille SkyPanel a vraiment changé la donne. Elle a apporté une lumière de grande qualité, avec la possibilité de faire de la couleur, mais aussi de la polyvalence et du rendement. Pour la première fois, nous avions à disposition un vrai produit professionnel. C’est pour cela que les SkyPanels se sont imposé si vite sur le marché. De plus, la gamme de LED ARRI à une qualité de couleur que l’on trouve difficilement ailleurs. L’an passé, j’ai travaillé sur un spot Chanel avec le DP Ross Richardson en studio à La Cité du Cinéma. J’ai créé une boîte à lumière de 20m x 12m avec cinquante S60s pour éclairer ce décor lunaire. Cela m’a permis de créer une lumière avec beaucoup de douceur et un joli modelé. Aujourd’hui, je ne fais plus un film ou une publicité sans des SkyPanels. »

Image d’ouverture : Christophe Brachet